EFT et TCC

Etude expérimentale sur l'EFT, sur la méthode de santé globale issue de l'EMDR et de l'EFT et sur la thérapie cognitivo-comportementale pour le traitement de l'angoisse des examens auprès d'étudiants à l'université.

Daniel J. Benor, MD[1], Karen Ledger, RN, BscN[2], Loren Toussaint, PhD[3], Geoffrey Hett, PhD[4], et Daniel Zaccaro, BA[5]

Traduction réalisée par Sylvie Lathoud pour l'Association Française EFT et l'Ecole EFT France.

Résumé

Objet : Cette étude explore l'impact de la méthode de santé globale, qui conjugue l'EMDR[6] et l'EFT (WHEE[7]), des techniques de libération émotionnelle (EFT), et de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) sur l'angoisse des examens.

Population : Etudiants d'une université canadienne, avec une angoisse des examens sévère ou modéré.

Méthode : Une étude contrôlée a été conduite avec la WHEE (n=5), l'EFT (n=5) et la TCC (n=5). Les mesures d'anxiété incluaient le Test Anxiety Inventory et le Hopkins Symptom Checklist-21.

Résultats : Malgré la taille réduite des échantillons, on a trouvé pour les trois traitements une amélioration significative au test d'anxiété. La WEE et l'EFT sont parvenues en deux séances au même résultat que la TCC en cinq. Les participants se sont déclarés très satisfaits de tous les traitements. Ceux qui ont bénéficié de l'EFT et de la WHEE ont transféré leur capacité à s'auto-traiter à d'autres domaines stressants de leur vie.

Conclusions : La WHEE et l'EFT démontrent toutes deux des capacités de traitement de l'angoisse des examens.

Mots-clef : Angoisse des examens, EFT, WHEE, TCC.

Introduction :

Cette étude explore la pertinence de deux techniques de “psychologie énergétique” et de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) quant à la réduction de l'angoisse des examens. Les techniques de libération émotionnelle (EFT) et la méthode de santé globale qui conjugue l'EMDR et l'EFT (WHEE) sont de puissantes méthodes d'auto-traitement, qui permettent de gérer un stress moyen à sévère, qu'on peut utiliser sans danger en dehors du cabinet d'un thérapeuthe, et qui ne provoquent d'abréactions émotionnelles sévères.

L'EFT est une version mentale/émotionnelle de l'acupression, que l'on peut utiliser sur soi pour une large gamme de problèmes émotionnels, de santé et de comportement. L'EFT est basée sur le lien existant entre les pensées et les émotions d'une personne et les énergies subtiles de son corps ainsi que l'activité neurologique et cellulaire. Le traitement EFT élimine en douceur les blocages inconscients à la guérison : pour cela, on énonce le problème tout en répétant une phrase d'auto-affirmation et en massant des points neurolymphatiques sur la poitrine ou la main. Suite à cela, on tappote ou on frotte une séquence spécifique de points d'acupuncture situés sur le visage, le haut du corps et les mains, tout en répétant une phrase de rappel à propos du problème. Les points d'acupuncture de l'EFT sont en lien avec le système neurophysiologique, et cela améliore l'équilibre physique, émotionnel et neurologique de la personne[i].

La méthode WHEE combine la stimulation droite et gauche du corps dérivée de l'EMDR et de l'EFT, avec des affirmations différentes de l'EFT, tandis que la personne se concentre sur ses angoisses. La WHEE, empruntant à l'EMDR, installe des pensées et des émotions positives, afin de remplacer les négatives qui ont été libérées. Les angoisses sont ici très rapidement réduites, et on peut utiliser par soi-même la WHEE aussi souvent que nécessaire pour réduire des angoisses récurentes[ii]. Quatre études démontrent l'efficacité de L'EMDR, dont la WHEE est en partie issue, quant à l'angoisse des examens[iii], et de nombreuses études démontrent son efficacité pour le traitement des traumatismes émotionnels sévères. L'Association Américaine de Psychiatrie a de fait reconnu à l'EMDR la même efficacité que la TCC dans le traitement du syndrôme de stress post-traumatique aigu ainsi que chronique[iv].

De manière générale, la recherche sur la psychologie énergétique en est encore à ses débuts[v]. La psychologie énergétique a démontré son efficacité dans le traitement du trouble anxieux généralisé, la perte de poids (en utilisant la TAT ou Tapas Acupressure Technique[vi]) et les phobies spécifiques avec l'EFT[vii]. Les observations cliniques de D.J.B. et de K.L. indiquent que l'angoisse des examens répond bien et rapidement à la WHEE et à l'EFT. Les techniques de psychologie énergétique ont l'avantage d'être facilement apprises, rapidement efficaces , de pouvoir s'utiliser en groupes et sur soi-même sans risque.

La thérapie cognitivo-comportementale peut comprendre de multiples modalités. Dans cette étude, on a utilisé la relaxation musculaire avec désensibilisation systématique, individuellement pour chaque étudiant et selon son angoisse des examens[viii]. La TCC a démontré son efficacité quant à l'angoisse des examens[ix]. Nous n'avons pas trouvé d'études explorant le niveau de changement de l'angoisse au cours de la thérapie en TCC, ni sur les composantes particulières de la TCC qui sont le plus pertinentes quant à l'angoisse des examens : ce sont quelqu'unes des questions explorées dans cette étude.

Buts de la présente étude

Au vue des premières recherches encourageantes dans le champ des techniques de la psychologie énergétique, le sujet de cette étude était d'évaluer l'efficacité de la WHEE et de l'EFT dans le traitement de l'angoisse des examens auprès d'étudiants à l'université, et ce avec un groupe contrôle utilisant la TCC. Le niveau d'amélioration de l'angoisse des examens, selon les traitements, a été attentivement évalué. Nous nous attendions à ce que la WHEE et l'EFT soient aussi efficaces que la TCC quant au soulagement de l'angoisse des examens, et que l'on obtienne ces bénéfices avec moins de séances de traitement que la TCC.

Méthodologie

Participants

A partir du groupe initial de 27 volontaires, 15 étudiants ont rempli le critère d'inclusion et ont participé à l'étude. Le critère d'inclusion était que l'étudiant devait manifester une angoisse des examens modérée (>37 pour les hommes, >41 pour les femmes) à sévère (46 pour les hommes et 51 pour les femmes), ceci sur l'échelle du Spielberger Test Anxiety Inventory. L'utilisation d'anxiolitiques ou d'antidépresseurs majeurs ainsi que des antécédents psychotiques ont constitué des critères d'exclusion. L'Institutionnal Review Board of Luther College a examiné les questions éthiques, et a donné son approbation. Tous les étudiants ont, après informations, donné leur consentement pour l'étude et le traitement.

Thérapeuthes

Daniel Benor, docteur en médecine, a développé la WHEE. Il est psychiatre et psychothérapeute, et a fait une formation en EMDR et en EFT. Il a huit ans d'expérience dans l'utilisation de la WHEE. Karen Ledger, infirmière diplômée d'état, BscN[8], est éducatrice à la santé et infirmière conseil. Elle enseigne et pratique l'EFT en groupe ou en thérapie individuelle depuis 13 ans. Geoffrey G. Hett, docteur[9], retraité depuis 2008 de l'Université de Victoria, est spécialiste de la formation et de l'aide psychologique. Il a passé la plus grande partie de sa carrière à enseigner et superviser la TCC auprès d'étudiants de master ou doctorants.

Procédure

Notre intention était d'affecter au hasard chaque participant à un des trois groupes de traitement. Mais du fait de la faible réponse à nos efforts de recrutement et de difficultés avec l'emploi du temps des étudiants, nous n'avons pas pu le faire. Les étudiants ont été affectés au traitement en fonction de leur emploi du temps et de leur disponibilité. Les interventions en WHEE et en EFT ont toutes deux été conduites par des thérapeutes spécialisés en deux séances hebdomadaires de deux heures. La TCC a consisté en cinq séances d'environ deux heures, ciblées sur des techniques de réduction de l'angoisse des examens. L'évaluation de l'angoisse des examens a été faite au départ (c'est à dire au moment du recrutement), un jour avant les examens et un jour après.

Instruments de mesure

Les tests standardisés comprenaient le Test Anxiety Inventory[x] et la Hopkins Symptom Checklist-21[xi]. Ont été aussi collectées des données anamnésiques.

Résultats

Analyse quantitative

Les données du Test Anxiety Inventory ont été soumises à un modèle conjugué 3 (EFT vs TCC vs WHEE) . 3 (départ vs avant l'examen vs après l'examen), répétant des mesures d'analyse de variance (ANOVA). Par rapport au moment du test, le principal effet a été significatif (F=32.4 ; P < .001). Il y a eu une baisse de l'angoisse présente au départ (moyenne = 62.3, écart type = 7.9), par rapport à celle d'avant les examens (moyenne= 52.5, écart type = 7.1) et enfin à celle d'après les examens (moyenne= 42,7, écart type =9.4). Toutes les comparaisons par paires ont été statistiquement significatives (P<.001). Il n'y a pas eu d'interaction traitement de groupe . temps (F = 1.6, non significatif). Le niveau de baisse d'angoisse avec les trois traitements est par conséquent similaire.

Sur le graphique, on peut constater que les moyennes résultant des trois traitements lors des trois passations ne sont pas parallèles. De ce fait, et à cause du risque d'erreur de type II présent quand on mesure les interactions sur de faibles populations, nous avons examiné séparément les baisses de niveau d'angoisse selon chaque traitement. Pour les groupes traités avec l'EFT et la WHEE, toutes les baisses de niveau d'angoisse sont statisquement significatives (P<.05). Pour le groupe traité avec la TCC, il n'y a pas eu de baisse significative du niveau d'angoisse, quel que soit le moment de la passation. A partir de là, même si l'interaction traitement de groupe . temps n'est pas significative, la baisse du niveau d'angoisse semble être radicalement différente selon le traitement. La méthode de santé globale qui conjugue l'EMDR et l'EFT produit une baisse significative du niveau d'angoisse en seulement deux séances.

Les données de la Hopkins Symptom Checklist-21 ont également été soumises à un modèle conjugué 3 (EFT vs TCC vs WHEE) . 3 (départ vs avant l'examen vs après l'examen), répétant des mesures d'analyse de variance (ANOVA). De nouveau, par rapport au moment du test, le principal effet a été significatif (F=8.7 ; P < .001). Il y a eu une baisse de l'angoisse présente au départ (moyenne = 50.3, écart type = 12.9), par rapport à celle d'avant les examens (moyenne= 39.4, écart type = 9.5) et à celle d'après les examens (moyenne= 35.3, écart type =9.0). Si l'on compare le niveau de baisse d'angoisse entre le départ et le moment avant les examens, et celui entre le départ et le moment après les examens, on trouve des résultats statistiquement significatifs (P<.05), mais les niveaux d'angoisse entre moment avant et moment après les examens étaient les mêmes (non significatif) .Il n'y a pas eu d'interaction traitement de groupe . temps (F = 0.3, non significatif). Le niveau de baisse d'angoisse avec les trois traitements est par conséquent similaire.

Analyse qualitative

Les réponses qualitatives des étudiants qui ont participé à l'étude ont été uniformément favorables concernant les bénéfices du traitement quant à leur angoisse des examens (les données qualitatives sont disponibles sur demande). De manière importante, les étudiants des groupes WHEE et EFT étaient plus à même d'utiliser leurs compétences pour réduire également leur stress dans d'autres secteurs de leur vie.

Discussion

La WHEE et l'EFT sont toutes deux de nouvelles méthodes prometteuses pour le traitement de l'angoisse des examens. Elles produisent des effets en seulement deux séances, comparées aux cinq séances de la TCC. Les étudiants ont dit avoir utilisé chacune de ces méthodes fréquemment, et transféré l'utilisation de l'EFT et de la WHEE afin de réduire les facteurs de stress dans d'autres secteurs de leur vie, avec de bons résultats. A ce titre, ces résultats confirment d'autres données présentant les avantages prometteurs de la psychologie énergétique quant au traitement de nombreux problèmes psychologiques.

Limites

Cette étude expérimentale présente quelques limites importantes. Premièrement, l'affectation au hasard n'a pas été possible. Deuxièmement, notre population n'était pas nombreuse, et cela a limité la portée des tests statistiques. Bien que ces facteurs limitent la généralisation des résulats de cette étude expérimentale, ils suggèrent que d'autres études plus rigoureuses puissent être menées, et que les leçons de cette étude puissent aider d'autres chercheurs à planifier les leurs.

Conclusions

Malgré les limites de la présente étude, ceci est la première étude connue qui démontre l'efficacité de la WHEE et de l'EFT dans le traitement de l'angoisse des examens d'étudiants à l'université, et la première fois que ces méthodes sont comparées à la TCC. Nos résultats sont préliminaires, mais si on maintient notre attention sur l'importance des thérapies énergétiques complémentaires/alternatives, des reproductions à plus grande échelle de ce travail fourniront des preuves complémentaires quant à l'efficacité de ces techniques. Sans aucun doute, de futures études vont offrir une voie d'approche qui permettra de voir les effets impressionnants et positifs des techniques de psychologie énergétique dans leur utilisation sur un large secteur de maladies psychologiques.


[1] Association for Comprehensive Energy Psychology, Haverford, PA

[2] Association for Comprehensive Energy Psychology, Haverford, PA

[3] Department of Psychology, Luther College, Decorah, IA

[4] University of Victoria, British Columbia

[5] Department of Psychology, Luther College, Decorah, IA

[6] EMDR : Eye Movement Desensitization and Reprocessing ou intégration neuro-émotionnelle par les mouvements occulaires.

[7] WHEE : Whole Health – Easily and Effectively ou Santé globale – facilement et efficacement.

[8] Bachelor in the Science of Nursing

[9] Dans le sens : qui a obtenu un docorat.


[i] References

Waite LW, Holder MD. Assessment of the emotional freedom technique : an alternative treatment for fear. Sci Rev Health Pract. 2003;2:20-26

[ii] Benor DJ. 7 Minutes to Natural Pain Release : WHEE for Tapping Your Pain Away – The Revolutionnary New Self-Healing Method. Fulton, Calif : Energy Psychology Press ; 2008

[iii] BaumanW, Melmyk WT. A controlled comparison of eye movements and finger tapping in the treatment of test auxiety. J Behav The Exp Psychiatry. 1994;25:29-33.

Gosselin P, Matthews W. Eye movement desensitization and reprocessing in the treatment of test anxiety : a study of the effects of expectancy and eye movement. J Behav The Exp Psychiatry. 1995;26:331-337.

Maxfield L, Melnyk WT. Single session treatment of test anxiety with eye movment desensitization an reprocessing (EMDR). Int J Stress Manag. 2000;7(2):87-101.

Stevens MJ, Florell DW. EMDR as a treatment for test anxiety. Imagin Cogn Pers. 1998-1999;18:285-296.

[iv] American Psychiatric Association. Practice Guideline for the Treatment of Patients with Acute Stress Disorder and Posttraumatic Stress Disorder. Arlington, Va : American Psychiatric Association. Practice Guidelines ; 2004.

[v] Feinstein D. Energy psychology : a review of the preliminary evidence. Psychotherapy : theory, research, practice. Training. 2008;45:199-213.

[vi] ElderC, Ritenbaugh C, Mist S, et al. Randomized trial of twomind-body interventions for weigh-loss maintenance. J Altern Complement Med. 2007;13:67-78.

[vii] WellsS, PolglaseK, Andrews HB, Carrington P, Baker AH. Evaluation of a meridian-based intervention, emotional freedom techniques (EFT), for reducing specific phobias of small animals. J Clin Psychol. 2003;59:943-966.

[viii] Cormier S, Nurius PS, Osborn CJ. Interviewing Change Strategies for Helpers : Fundamental Skills and Cognitive Behavioral Interventions. Florence, Ky:Brooks Cole ; 2008.

[ix] Wachelka D, Katz RC. Reducing test anxiety and improving academic self-esteem in high school and college students with learning disabilities. J Behav Ther Exp Psychiatry. 1999;30(3):191-198.

[x] Test Anxiety Inventory. Mind Garden. Available at : http://www.mindgarden.com/products/tsans.htm. Accessed August 21, 2008.

[xi] Green DE, Walkey FH, McCormick IA, Taylor AJW. Development and evaluation of a 21-item version of the Hopkins Symptom Checklist with New Zealand and United States respondents. Aust J Psychol. 1998;40:61-70.